Combien y a-t-il d’angles de rue sur le territoire de la commune ? Et combien y en a-t-il dans le centre-ville reconstruit après la Seconde guerre mondiale ?

On ne va pas ici vous donner une réponse (on n’en a aucune idée), mais on s’est penché sur le traitement de ces angles de rue dans la partie reconstruite de la commune, essentiellement dans le centre-ville, le plus rudement touché et détruit avant d’être reconstruit dans les années 1950.

À Sully comme ailleurs, les angles de rue constituent des repères visuels dans le paysage urbain. En effet, un carrefour de rues n’est pas un alignement d’immeubles ; du seul fait de son emplacement – souvent stratégique –, il s’en distingue et s’en différencie nécessairement. En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les architectes de la reconstruction de Sully ont fait preuve en la matière d’une belle inventivité. Comme toujours, la surprise est au coin de la rue...

Bref, en ce week-end de célébration du patrimoine, petit tour d’horizon non exhaustif des différents traitements des angles de rue dans le centre-ville : angles saillants, angles rentrants, angles coupés, angles arrondis, aigus, obtus, panachage… après lequel – nous l’espérons – vous ne regarderez plus un coin de rue de notre commune de la même façon.

Type 1- Certains angles de rue ne sont pas marqués de manière spécifique (il n’existe pas de travée d’angle distincte). L’angle est traité en angle saillant (angle droit en l’occurrence) et la toiture également (la corniche de toit est en angle droit ; comme souvent sur les immeubles de la reconstruction sullyloise d'après-guerre, la corniche d'angle elle-même est en pierre, alors que le reste de la corniche est en brique).

Immeuble de la Société Générale (angle Boulevard Jeanne d'Arc/Rue des Écoles) - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Immeuble à l'angle de la rue du Grand Sully et de la rue Jean Jaurès - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Angle rue Jean Jaurès-rue aux Pommes - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Type 2 – À l’inverse, certains angles de rue adoptent un traitement spécifique avec une travée d’angle nettement marquée. Dans ce cas, l’immeuble qui fait l’angle de rue est en pan coupé à l’angle des deux rues. De surcroît, la toiture prend la forme d’une croupe pour terminer la travée dans sa partie supérieure (contrairement au Type 1, la corniche de toit forme alors deux angles obtus marqués cette fois par deux éléments d’angle en pierre (et non pas un seul comme dans le type 1).

Immeuble LCL (angle rue du Grand Sully/rue aux Pommes) - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Autre angle de la rue du Grand Sully et de la rue aux Pommes - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Angle rue Jean Jaurès/rue Porte des Sables - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Type 3 – Autre type d’immeubles avec une travée d’angle, mais, contrairement au Type 2, la toiture ne prend pas la forme de croupe pour terminer la travée dans sa partie supérieure, mais une forme classique en angle droit. On a l’impression d’une vraie-fausse travée d’angle, incomplète en tout cas.

Angle rue du Grand Sully/rue du Maréchal Foch - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Angle Boulevard Jeanne d'Arc/rue du Marché - À noter : la « casquette » atypique sous la corniche ; à notre connaissance, c'est le seul exemple dans la commune. Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Angle boulevard Jeanne d'Arc/rue des Écoles - La travée d'angle, pourtant très large, est volontairement perturbée par le volumineux - et magnifique - balcon à garde-corps en béton qui file sur la quasi-totalité de la façade en englobant l'angle des deux rues et vient ainsi atténuer, voire gommer, l'effet de travée d'angle. Cet effet est renforcé par la division de la travée d'angle du premier niveau en trois parties formant triptyque (elle n'est pas sur un seul plan comme celle du rez-de-chaussée) - Cliquer sur la photo pour l'agrandir 

Type 4 – Plus rarement dans le centre, l’angle de rue est traité par un arrondi de façade.

Immeuble Randstad (angle boulevard Jeanne d'Arc/rue des Écoles), dont la façade mériterait un bon ravalement... On notera le jeu élaboré de courbe et contre-courbe entre le rez-de-chaussée (rentrant) et le premier niveau (sortant). À notre connaissance, un cas unique dans la commune. Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Immeuble du garage Le Relais de Sully (angle rue Porte de Berry/Avenue de la Vénerie. Deux niveaux en courbe marquant l'angle des deux rues (pour en savoir un peu plus, lire également ici « Voie de garage » ; s'il vous plaît, Monsieur le propriétaire, repeignez-le en blanc, comme à l'origine et comme il devrait l'être !) - Cliquer sur la photo pour l'agrandir 

Immeuble de l'ancien garage Citroën, aujourd'hui salon de coiffure (angle boulevard Jeanne d'Arc/rue des Petits Fossés). Les coloris employés sont à la fois actuels et respectueux de l'état originel. Cela étant, on se passerait volontiers du grillage vert de la terrasse, qui vient perturber l'ensemble... - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Ci-dessous, la tourelle d’angle de la rue Jean Jaurès peut être considérée comme une variante de ce Type 4, qui fonctionnerait comme un gond de charnière articulant les deux parties de la rue (la même, malgré le changement d'angle). L'effet de charnière nous semble particulièrement réussi.

Tourelle d'angle « articulant » la rue Jean Jaurès - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Type 5 – L’angle de rue est traité « en creux » (angle rentrant). La travée d'angle existe bel et bien, mais elle est évidée.

Angle Rue des Déportés/Rue du Maréchal Foch - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

On retrouve un type quasi identique, mais un peu plus développé et inégal (deux travées sur un côté et une seule travée sur l'autre) à l'angle de la rue du Maréchal Foch et du Passage des Douves. Le doublement de cette composition permet de dégager une placette et d'ouvrir la perspective sur une partie du château (pas la plus spectaculaire d'ailleurs). 

Angle de la rue Foch et du Passage des Douves - Cliquer sur la photo pour l'agrandir 

Type 6 – Il s’agit d’un « panachage » de Type 1 et de Type 2 où seul un niveau de l'immeuble (ici, le rez-de-chaussée, d'où un effet de porte-à-faux du premier niveau) prend la forme d’une travée d’angle en pan coupé sur l’angle de deux rues. À notre connaissance, il n'y a pas d'exemple où une travée d'angle est marquée au premier niveau et pas au rez-de-chaussée (c'est-à-dire dans une configuration inverse de celle qui est présentée).

Angle rue des Déportés/rue Jean Jaurès - Cliquer sur la photo pour l'agrandir

Ne l'oublions pas : le patrimoine architectural n'existe que si on le regarde, et finit par mourir si on n'y prête pas attention. Le patrimoine années 1950-60 de la Reconstruction dans notre commune est riche et unique. Malheureusement, il n'est, pour l'instant, que peu regardé et, dès lors, en passe de mourir à petit feu. Puisse ce modeste billet participer à sa renaissance.

[Mis en ligne le 16/09/2017]