• « Comment la France a tué ses villes » (Note de lecture)

     

     

     

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    Commerces fermés dans le centre-ville de la commune - Cliquer sur les photos pour les agrandir

     

     

    Inutile de se cacher derrière son petit doigt… à moins d’être très mince (ou d’avoir un très gros petit doigt) : le centre de notre commune n’échappe pas à la tendance générale observée dans la totalité du pays, de Mulhouse à Saint-Brieuc et de Roubaix à Béziers, en passant par Saint-Nazaire et Vierzon.

    Le centre-ville est à la peine, et pas que les commerces, même si, pour qui se promène aujourd’hui dans le centre-ville de notre commune, les rideaux de fer baissés et le turnover commercial important sont les parties sans doute les plus visibles de l’iceberg.

    Autant le dire tout de suite, on n’a pas – ni plus ni moins que beaucoup d’autres – de solution(s) à ce problème. C'est pourquoi on aurait tendance à se tourner vers des spécialistes qui, eux, ont approfondi le sujet et en connaissent un rayon (de vélo et/ou de magasin). C’est notamment le cas d’Olivier Razemon qui a publié en fin d’année un livre passionnant et documenté intitulé Comment la France a tué ses villes.

    Des chiffres, certes, mais pas uniquement. On y apprend par exemple qu’aujourd’hui, au niveau national (hors e-commerce), 62 % du chiffre d’affaires du commerce se réalise en périphérie, contre 25 % en centre-ville et 13 % dans les quartiers [quel est le ratio périphérie/centre-ville/quartier du Hameau à Sully ?]. À titre de comparaison, l'auteur, en s’appuyant sur la même étude, indique un ratio de 33-33-33 % pour l’Allemagne. Conclusion : « Les différences observées dans les deux pays reflètent exactement la situation des villes. Vivantes et animées en Allemagne, elles sont en déclin et désolées en France. »

    Olivier Razemon explique également que la désertification des centres-villes français est imputable notamment à la primauté accordée à l’automobile comme mode de déplacement, en faisant ce constat simple : quand une personne habitant dans un quartier périphérique résidentiel (dépourvu de commerces et non, ou très mal, relié au centre-ville) veut faire ses courses, elle prend sa voiture et fait ses courses dans la grande surface en périphérie, où elle trouve tout ce dont elle a besoin ; pourquoi, une fois le coffre plein, irait-elle passer du temps dans le centre ? Il signale par ailleurs que beaucoup d’actifs habitant en périphérie de ville petite ou moyenne et travaillant dans la grande ville voisine vivent presque exclusivement en périphérie (habitat et courses) et ne vont jamais dans le centre-ville ; évidemment, ils se moquent totalement que celui-ci dépérisse…

    Pour lui, c’est en partie la voiture qui a tué les centres-villes, qui sont avant tout faits pour les piétons : plus de piétons, plus de centre-ville. C’est en effet la voiture qui favorise l’étalement urbain et l’éloignement d’un nombre croissant d’habitants, à l'écart du centre-ville, où ils ne viennent plus parce qu'ils n'ont plus besoin d'y venir. Il pointe notamment la disparition progressive (tendance en marche depuis de nombreuses années) de ce qu'il nomme le commerce de l'essentiel au profit du commerce du superflu (enseignes de tatouage, de vapotage, achat d'or, artisanat, boutiques éphémères, etc.).

    Bien sûr – on s'en serait douté –, il n’y a pas un seul et unique responsable ; les causes sont multiples, pluridisciplinaires et rendent particulièrement complexe la résolution de ce problème. Sans omettre de souligner que nous sommes tous responsables à des degrés divers, comme des accidents de la route, de l’obésité, du nombre croissant de SDF et de pauvres ainsi que de nos montagnes de déchets (liste loin d’être exhaustive !).

    L’auteur signale néanmoins quelques pistes (urbanistiques, fiscales, réglementaires) pour sortir de cette situation catastrophique qui a fini par gangrener la quasi-totalité des centres urbains des villes petites et moyennes de l’Hexagone (seules les grandes villes et les métropoles échappent à ce phénomène et tirent leur épingle du jeu, avec certaines villes touristiques et/ou balnéaires).

    Finalement, « la qualité de vie, c’est aussi de pouvoir aller chercher son pain à pied. »

    Vous l’avez compris, on recommande chaudement cette étude d’Olivier Razemon, que la bibliothèque municipale – soit dit en passant – pourrait sans honte acquérir…

     

    Remarque subsidiaire : tous les politiques, candidats ou non à ceci ou à cela, à cela ou à ceci, n'abordent jamais cette question, pourtant primordiale, alors même qu'ils nous rebattent les oreilles sur leur prétendue « présence sur le terrain » (vous connaissez comme moi la ritournelle). Comment font-ils pour ne pas voir ?

    ......................

    Olivier Razemon, Comment la France a tué ses villes (éditions Rue de l’Échiquier, coll. Diagonales, 2016, 208 pages), 18 euros

     

     

     

     

     

    [Mis en ligne le 6/02/2017]

     

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  • Commentaires

    6
    Virginie d'Isdes
    Mardi 14 Février 2017 à 15:51

    Juste un témoignage. Nous habitons Isdes et nous n'allons jamais en centre ville de Sully pour faire nos courses, mais directement à Bonnée (souvent Super U, pour la pub). Tout est sur place, moins cher sans aucun doute et pourquoi payer plus pour la même qualité parce qu'il ne faut pas se faire d'illusions non plus sur la qualité chez les petits commerçants. Beaucoup ne font qu'ouvrir des cartons qu'ils reçoivent de leurs fournisseurs. Je ne confonds pas avec les vrais commerçants-artisans qui eux transforment les matières premières (et encore, ils ne font pas tout eux-mêmes!). Il y a les mêmes artisans à SuperU.

    5
    Furibar
    Jeudi 9 Février 2017 à 08:17

    A part interdire les voitures pour aller au supermarché, je vois pas de solution

    4
    Arsène
    Mardi 7 Février 2017 à 18:39

    Rétablissons l'octroi pour les produits en provenance de INTER U !

      • canard enchaîné
        Mercredi 8 Février 2017 à 09:18

        L'octroi pour quoi faire et pour qui ? 

    3
    Lundi 6 Février 2017 à 17:30

    @canard enchaîné

    A lire votre phrase et "l'optimisme béat" auquel vous faites allusion, nous devons être d'accord sur le constat. Ceci dit, le journal de la ville est dans son rôle : faire voir la ville en rose (on ne peut pas lui reprocher ça). C'est la minceur ou le gros petit doigt que j'ai pris soin de mentionner en préambule yes...

    Ceci dit (bis), le livre d'Olivier Razemon n'est pas Comment la France a tué Sully, mais, en le lisant, on retrouve les mêmes tendances à l'œuvre que pour la quasi-totalité des petites villes françaises et il m'a semblé intéressant à ce titre.

    Une des pistes proposées est, bien sûr, la réduction du nombre de commerces en périphérie (ou du moins leur limitation en superficie) ; il faut reconnaître que les différentes équipes municipales sullyloises ont toujours refusé l'implantation de supermarchés en périphérie. Sans résultat probant, semble-t-il, mais, a posteriori, elles n'avaient peut-être pas totalement tort.

     

    2
    canard enchaîné
    Lundi 6 Février 2017 à 16:46

    Vous semblez, à lire cet article, ne pas partager l'optimisme béat du journal de la ville.  

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