•  

    L’autre jour, non loin de Sully, je faisais du VTT dans les bois lorsque j’ai aperçu le tronc d’un arbre tombé à terre d’où sortait un mince filet de fumée. Je me suis approché en pensant que c’était probablement un feu mal éteint. J’ai posé mon VTT contre un arbre et je suis allé voir de plus près. En approchant, j’ai entendu une petite toux. Pas très forte. En cherchant d’où elle pouvait bien venir, je me suis penché vers le tronc et c’est là que j’ai aperçu un écureuil assis sur l’une des branches. Il fumait une cigarette et, à côté de lui, était posée une canette de Coca-Cola. Je me suis demandé si j’avais une hallucination ou si je rêvais. C’est à ce moment-là que l’écureuil a levé les yeux et a croisé mon regard.

    Il m’a fixé pendant un moment avant de roter. Longuement. Au moins cinq secondes qui m’ont paru une éternité. Puis, il s’est passé la langue sur les lèvres avant de saisir la canette de Coca et de boire une gorgée. Il tenait sa cigarette dans l’autre patte. Il semblait très habile. Je ne savais pas s’il m’avait vraiment vu. Je me suis demandé si tout cela était réel et j’ai fait quelques pas à reculons. J’ai dû me dire quelque chose à mi-voix (je fais ça souvent) car il a levé les yeux vers moi en me disant : « Parle plus fort ! Ta mère ne t’a jamais dit que ce n’était pas bien de marmonner entre ses dents ? »

    À ce stade, j’en étais presque sûr, j’étais victime d’une hallucination et je me suis mis à le regarder droit dans les yeux (je fais ça souvent aussi). « Quoi, tu veux ma photo ? » m'a-t-il lancé en me regardant de travers. « T’es malade ou quoi ? » Je suis resté bouche bée, incapable de dire un mot. C’est à ce moment-là qu’il s’est levé.

    Je me suis excusé et il s’est rassis en hochant la tête. Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais je suis allé m’asseoir à côté de lui. Il m’a tendu la canette de Coca et j’ai bu une gorgée. J’ai horreur du Coca, mais je ne voulais pas le vexer à nouveau. Nous sommes restés assis l’un à côté de l’autre sans rien dire. Je me suis senti mieux et j’ai commencé à trouver que la situation n’avait rien de bizarre, finalement. Tout était très calme, il n’y avait pas le moindre bruit. Vous savez, le genre de calme que l’on rencontre quand on est seul dans les bois et qu’il n’y a aucun bruit parce qu'il n'y a pas de vent qui agite les arbres. Il a jeté un coup d’œil vers mon vélo. « C'est ça, ton vélo ? » Je lui ai fait signe que oui. « Les pneus sont balèzes. Je peux l’essayer ? » Je ne voulais pas le vexer : «  Oui, volontiers. » Il m’a tendu sa cigarette et s’est dirigé vers le vélo. Je me disais, que, vu sa taille, il n’allait jamais pouvoir l’enfourcher, mais, à ma grande surprise, il est monté dessus sans difficulté.

    Je peux vous dire que le petit bonhomme savait rouler à vélo ! Il a fait une véritable démonstration. Wheelies, bunny-hops, pogos, pops, tout y est passé. Du grand art… Il a fini son numéro en faisant un dérapage de la roue arrière qui a fait voler quelques touffes de mousse et quelques petits cailloux qui sont retombés à mes pieds en crépitant. « Super ! Vraiment ! » lui ai-je dit lorsqu’il est revenu s’asseoir près de moi. « Merci. »

    Je lui ai demandé s’il faisait du vélo depuis longtemps. « Oh, » m’a-t-il dit, «  ça fait tellement longtemps que je ne me souviens même plus quand j’ai commencé. J’aime vraiment faire du vélo. Avec le Coca, les pâtes et la pizza, c’est ce que je préfère. Le reste m’emmerde, surtout les humains et leurs habitudes à la con : faire la guerre, mettre les doigts dans le nez, passer leur vie en bagnole, râler pour un oui, pour un non, se plaindre de ne pas avoir assez de fric, de ne pas pouvoir s’acheter le dernier smartphone, de ne pas pouvoir se payer de vacances, trouver des excuses pitoyables pour regarder la télé à longueur de journée, et j’en passe. Mais, le vélo, j’aime bien. C’est vraiment cool. »

    Je me suis dit que le petit bonhomme avait décidément du tempérament. Il a roté à nouveau, mais moins longtemps que la première fois. Le Coca, sans doute.

    Il commençait à se faire tard.  Il fallait que je rentre : je n’avais pas d’éclairage sur le vélo et le soir tombait. Je lui ai souhaité bonne soirée et j’ai enfourché mon vélo. « T’es un chic type, » m'a-t-il lancé en se dressant sur ses deux pattes arrière. « Reviens quand tu veux. N’oublie pas d’apporter une canette de Coca et une cigarette ! »

    Bien noté. Je n’oublierai pas.

    D’ici là, je vais continuer à faire du vélo dans les bois.

    Si j’étais vous, j’en ferais aussi.

     

     

     

    [Mis en ligne le 14/07/2013]

     


    3 commentaires
  •  

     

    J’avais signalé ici le début de dégradation de la couverture du lavoir situé rue de la Blanchisserie.

    Elle a été très sommairement réparée le vendredi 5 juillet.

     

    Le lavoir de la rue de la Blanchisserie (suite)

     Avant

     

    Le lavoir de la rue de la Blanchisserie (suite)

    Après "réparation" (Photo : B. M.-S.)

     

     

     

    Au vu de la qualité, disons, singulière (pour ne pas dire affligeante), de ce qu'il faut bien appeler un rafistolage, il reste à espérer qu’il s’agit d’une réparation provisoire… faute de quoi on se verrait contraint de considérer que la mairie – et le maire – se moquent du monde (il ne faut rien exclure).

    Une nouvelle grille a également été posée, qui a dû coûter bien plus cher que les quelques ardoises manquantes qui n’ont pas (encore ?) été remplacées. S’agirait-il de transformer le lavoir en lieu carcéral ?

     

    Le lavoir de la rue de la Blanchisserie (suite)

     

    Assurément, les décideurs municipaux ont des « idées » qui ne laissent pas indifférent…

    Affaire à suivre. De près.

     

     

     

    [Mis en ligne le 12/07/2013]

     

     


    5 commentaires
  •  

    30 ans déjà : le comice agricole du 10 juillet 1983

                                                                    Avenue de Béthune, 10 juillet 1983

      

     

     

    Cette photographie prise dans l’avenue de Béthune le 10 juillet 1983 (l’ancien pont suspendu, qui vit cet été-là son avant-dernier été – il s’effondrera en janvier 1985 –, est juste derrière nous) et transmise par un lecteur du blog (que j’en profite pour remercier), est intéressante à plus d’un titre.

    D’abord parce qu’on y voit l’arc de triomphe dressé à l’entrée de la ville, dans l’avenue de Béthune. Il faut bien avouer que nous sommes loin de la qualité des arcs de triomphe érigés quelques décennies plus tôt (voir ici), mais il est là, et c’est son moindre défaut.

    Mais surtout, parce qu’on y voit encore l’avenue de Béthune et l’entrée nord de la ville par le pont avant le désastre de décembre 2012 (lire ici, ici et ).

     

    30 ans déjà : le comice agricole du 10 juillet 1983

    Avenue de Béthune, état actuel

     

    On voit mieux ainsi l’ampleur du changement et des destructions qui sont intervenues.

    Elle avait de l’allure, l’entrée nord de la ville, avec ces deux magnifiques rangées de tilleuls qui formaient un beau mail et escortaient de leurs frondaisons les visiteurs vers le centre-ville.

    Comment a-t-on pu ainsi tout détruire ? Quel charme reste-t-il aujourd’hui à cette avenue, qui accueille par un monument aux morts, hyper visible aujourd’hui, les visiteurs et les Sullylois gagnant Sully par le nord ?

    Pour conclure malgré tout sur une note plus agréable, voici la petite brochure officielle du comice de cette année-là, retrouvée dans des archives personnelles. Elle est feuilletable et téléchargeable (5,38 Mo) ci-dessous sans modération. C’est pas beau, ça ?

     

     Brochure du comice agricole 1983
     

    Télécharger la brochure en cliquant sur l'icône ci-dessous.

    30 ans déjà : le comice agricole du 10 juillet 1983

     

     

     

    [Mis en ligne le 10/07/2013]

     

     


    5 commentaires