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Voie de garage
Garage Le Relais de Sully (rue Porte de Berry) - Cliquer sur la photo pour l'agrandir
Quel dommage qu’il ne soit pas peint en blanc, et même repeint (il en aurait bien besoin), comme il l’était sans aucun doute à l’origine (voir détail ci-dessous) !
Ce magnifique garage automobile (on est loin des garages automobiles actuels qui ne sont plus, à de rares exceptions près, que des ateliers dont la façade est avec plus ou moins de bonheur garnie de bardages reprenant la charte graphique de la marque, signale à l’entrée est de la ville la présence triomphante (nous sommes dans les années 1950-60) de l’automobile.
On notera d’ailleurs qu’à chacune des entrées de la commune et aux quatre points cardinaux, nous sommes accueillis par un garage automobile :
- Au nord, l’ancien garage Citroën (aujourd’hui salon de coiffure Pichardy, à l'entrée du boulevard Jeanne d’Arc)
- Au sud, route de Cerdon, l’actuel garage Renault (anciennement Simca dans les années 1960)
- À l’est, rue Porte de Berry, l’actuel « Relais de Sully » qui nous occupe dans ce billet
- À l’ouest, route d’Orléans, l’ancien garage Peugeot, aujourd’hui concessionnaire de matériel agricole.
Quatre bâtiments dans le plus pur style années 1950-60, comme le voulait l’époque et ce type de bâtiments, qui marquent la présence automobile.
Signalons en passant que tous ont gardé la blancheur caractéristique des bâtiments du style « moderne » de ces années-là, à l’exception notable du Relais de Sully, à qui – on l’espère – le prochain ravalement rendra cette couleur (on voit dans la photographie ci-dessous qu’il a bien été peint en blanc à l’origine, comme tous les garages automobiles construits dans ces années-là, et comme tous ceux qui se trouvaient dans la commune) ; il n’y a en effet aucune raison d’avoir repeint ce garage en voulant l’harmoniser avec le petit pan de mur qui a remplacé la Porte de Berry détruite au XIXe siècle, ces deux éléments architecturaux n’ayant absolument aucun point commun.
Avant d'être repeint dans le coloris actuel, il était blanc, comme il se doit. Espérons qu'il le redeviendra bientôt. - Cliquer sur la photo pour l'agrandir
Caractérisé de prime abord par son toit-terrasse (l’un des rares – le seul ? – exemples dans la commune), il attire ensuite l’attention par l’imposante et spectaculaire courbe qui distingue sa proue sur deux niveaux (le garde-corps plein du balcon-coursive et le bandeau supérieur, légèrement en retrait du garde-corps du premier niveau) et épouse la courbure de l’intersection entre la rue Porte de Berry et l’Avenue de la Vénerie. Cette double courbe en quart-de-rond qui forme l’angle des balcons est un élément typique des années 1950. On ne la retrouve nulle part ailleurs de ces dimensions dans la commune.
Bâti sur un modèle poteau-poutre en béton armé, il ne repose que sur 7 piliers (ce qui peut apparaître comme un 8e pilier, le plus à droite, est en réalité un mur porteur fermant l’espace intérieur ; l’architecte a pris soin de le faire réaliser dans la même épaisseur que les piliers, d’où cet effet d'optique. Cette structure poteaux-poutres libère totalement la façade du rez-de-chaussée, qui n’est de ce fait pas porteuse et peut donc être entièrement vitrée.
Tout l’étage est parcouru par un remarquable balcon-coursive en porte-à-faux dont le garde-corps plein est surmonté d’un petit garde-corps complémentaire métallique parfaitement dépouillé qui file d’un bout à l’autre de la coursive.
Balcon-coursive en porte-à-faux, vu de dessous - Cliquer sur la photo pour l'agrandir
Le garde-corps métallique file tout au long du balcon-coursive en épousant la courbe en quart-de-rond - Cliquer sur la photo pour l'agrandir
Sur le côté, la porte d’entrée (Avenue de la Vénerie), traitée en creux et protégée par le balcon faisant office d’auvent, est surmontée par quelques pavés de verre, comme il était fréquent dans ces années-là, afin d’éclairer le volume de l’entrée.
Porte d'entrée double traitée en décrochement et protégée par le balcon - Cliquer sur la photo pour l'agrandir
La double porte elle-même semble être d’origine, à voir la béquille de la poignée et la plaque de propreté, qui ne sont plus des modèles actuels. Le verre imprimé (d’origine ?) des deux larges baies vitrées est (était) peut-être trempé, ce qui expliquerait l'absence de grilles de défense.
Il reste à espérer que ce bâtiment de la Reconstruction de style « moderne », l’un des plus réussis de la commune, saura échapper à la décrépitude qui – il faut bien le constater – constitue toujours une menace pour bon nombre de bâtiments des années 1950-60 qui souffrent, à tort, de la mauvaise image du béton et des grands ensembles périurbains à qui on les assimile fréquemment. Espérons qu’on saura reconnaître son originalité et ses qualités et qu’on estimera que ce serait une erreur de ne pas mettre ce bâtiment en valeur comme il le mérite. Il constituerait assurément une splendide porte d'entrée pour le centre-ville.
Pour tout dire, on le verrait bien dans la même livrée blanche immaculée que celui-ci, à Royan (ville reconstruite après-guerre, comme Sully), avec lequel il entretient un tout petit air de famille. Quoi qu’il en soit, et même si notre bâtiment sullylois est un peu moins sophistiqué (bâtiment semi-industriel oblige), il mérite quand même amplement le détour.
Immeuble années 1950 à Royan (7 piliers, comme notre garage, et la même courbe en quart-de-rond !) - Photo tirée du film Gros bisous de Royan©
[Mis en ligne le 19/04/2016]
Tags : garage, architecture, rue Porte de Berry, Avenue de la Vénerie, Reconstruction, Relais de Sully
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Commentaires
Bravo pour cette belle étude d'architecture comparée.
S'il est vrai que ces bâtiments mériteraient un rafraîchissement, le Relais de Sully, lui, devrait soigner l'accueil de sa station-service au look très kitsch et à l'atmosphère trop souvent enfumée.