La gare de Sully (ce qu'il en reste...)

Propos du maire de Sully-sur-Loire rapportés dans La République du Centre du 25/10/2012, confirmés dans l’article de La République du Centre du 18/05/2013.

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Puisque nous allons tous acheter la gare, autant bien la connaître...

Voici ce qu’en dit Christian Cardoux dans son excellent et passionnant Sully-sur-Loire de la Révolution française à la Révolution industrielle (2003), Chapitre V : Le dix-neuvième siècle – deuxième période, pages 64-65.

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L’arrivée du chemin de fer à Sully-sur-Loire

Le réseau ferroviaire français s’est développé rapidement à partir de 1842, Paris-Orléans étant l’une des premières lignes. Il s’est ensuite étendu, mais, à l’instar du réseau routier national, a ignoré Sully et sa région, plus que jamais enclavées entre Gien et Orléans. En 1872, une liaison Orléans-Gien est mise en service, avec une gare aux Bordes, à 4 km de Sully, mais de l’autre côté de la Loire. Le trajet Les Bordes-Gien via Ouzouer coûte 4,50 F en première classe, 3,25 en seconde, 2,35 en troisième. À la même époque est envisagée la construction de deux lignes secondaires, reliant d’une part Gien à Bourges et d’autre part Beaune-la-Rolande dans le Gâtinais à Argent-sur-Sauldre, suivant le méridien de Paris : c’est évidemment celle-ci qui intéresse les Sullylois. Ces deux lignes sont concédées à MM. De Mieulle et Cie et seront déclarées d’utilité publique le 17 juin 1874 par l’Assemblée nationale.

Le 5 mai 1872, le Maire – J.-B. Boullet – a exposé la situation au Conseil. Celui-ci, unanime, a demandé instamment au Conseil général du département, maître d’œuvre, que la deuxième ligne passe par Sully. Cette demande est renouvelée en août. Le Conseil général a décidé qu’elle passerait par Lorris, compte tenu du trafic qui peut y être recueilli. Mais le lieu de franchissement de la Loire et le positionnement de la gare ne sont pas encore arrêtés.

Trois tracés sont en concurrence :

-      Un premier, élaboré par la Compagnie, le plus direct, fait passer la ligne par les Bordes, où elle coupe la liaison Orléans-Gien, puis traverse la Loire à Sully, par un pont de 400 mètres, et rejoint Argent parallèlement à la route départementale. Ce projet est cependant cher en raison du coût de la traversée de la Loire.

-      Une variante, moins onéreuse, fait traverser la Loire entre Dampierre et Lion-en-Sullias, ce qui met la gare à 9 km de Sully. Le tracé se poursuivrait alors par Saint-Florent et Cerdon.

-      Le conseiller général de Gien défend vivement une troisième solution qui ferait passer la ligne par sa ville.

Une délibération du Conseil municipal en date du 9 mars 1873, délibération très claire, complète, argumentée, met en évidence que le tracé par Sully apporte une clientèle supplémentaire estimée à 19 254 habitants, alors que le tracé par Dampierre n’en intéresse que 6 031 et que le tracé par Gien n’apporte pas de nouveaux usagers, cette ville étant déjà desservie. L’argumentaire comporte également un volet économique faisant ressortir l’importance du trafic marchandises, entre autres celui résultant de l’amélioration des rendements agricoles de la Sologne proche de Sully, ainsi que celui des marchés et foires de la ville. Enfin, prenant appui sur les études consécutives aux inondations, il est démontré que le franchissement de la Loire à Sully limite considérablement les dégâts que pourrait causer à la voie une nouvelle crue importante, tout en estimant que la longueur du pont doit être un peu majorée. Enfin, sur sa lancée, elle demande qu’outre la gare de Sully, il en soit construit une à Villemurlin, solidarité cantonale oblige.

Les arguments ont été probablement convaincants : le tracé souhaité par nos édiles est retenu. Il a été défendu par M. Jahan, président du Conseil général et, discrètement, par le comte de Béthune-Sully, qui a fait jouer à nouveau ses liens d’amitié avec le Maréchal de Mac-Mahon. Des combats d’arrière-garde concernent l’emplacement de la gare : le site de Pisseloup, au sud, à 3 km du centre-ville, est un moment envisagé en 1875. Il est repoussé par la Municipalité. C’est en définitive le site actuel, bien plus proche du centre-ville, qui est retenu. La Municipalité versera 12 000 F, permettant ainsi aux Sullylois de rejoindre la gare à pied : choix judicieux, qui favorisera la naissance d’un nouveau quartier et l’émergence d’une première « zone industrielle ». La ligne est prévue, dans l’immédiat, à voie unique, mais les terrains seront acquis de manière à permettre ultérieurement l’édification d’une seconde voie, qui ne sera jamais réalisée.

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[Mis en ligne le 16/06/2013]